Le 9 octobre est paru un article de Gérontonews qui relate les échanges qui ont eu lieu lors d’un atelier consacré au bénévolat au sein des assises de la longévité à Nîmes les 25 et 26 septembre.
Etaient relatées les difficultés pour les directions d’EHPAD à garder les interventions de bénévoles.
Je vous ai copié-collé l’article à la suite (source: https://www.gerontonews.com/De-l-art-et-la-maniere-d-attirer-les-benevoles-en-Ehpad-NS_CZ0PYQNN8.html )
Spoiler de mon avis sur la question: un bénévole, c’est aussi bien un fils de résident qui vient faire un atelier rap à l’EHPAD que la fille de résidente qui décide d’emmener sa mère ainsi que son amie à l’EHPAD pour une virée au parc… Ce ne sont pas seulement les membres d’une association de bénévoles, qui , fatalement, finissent par s’épuiser…
Ouvrez vos EHPAD, vos bénévoles viendront tous seuls!
De l’art et la manière d’attirer les bénévoles en Ehpad
Nicole Chadouin, Jean-Jacques Mollie et Marie-France Allamigeon (bénévoles Croix-Rouge), Véronique Châtel (journaliste et ex-bénévole en Ehpad) et Françoise Fromageau (Monalisa) le 25 septembre à Nîmes. Crédit: Emmanuelle Debelleix/Gerontonews
Alors que les pratiques des bénévoles se modifient, comment les attirer, les fidéliser et mieux les intégrer en établissement? Réunis en atelier à Nîmes, bénévoles, directeurs d’Ehpad et seniors se sont questionnés. S’ils n’ont pas livré de recette miracle, ils ont dessiné quelques pistes.
« Si nous ne sommes pas capables de proposer ‘autre chose’ aux bénévoles au sein de nos associations, comme au sein des Ehpad, je vous le dis, bientôt, à part les parents prêts à accompagner leurs enfants au foot, il n’y aura plus qu’une poignée de bénévoles. Alors dans les Ehpad… »
Le 25 septembre, l’inquiétude sourdait dans l’amphithéâtre accueillant l’atelier consacré au bénévolat des seniors, à l’occasion de la première Université de la longévité, organisée à Nîmes par la Fondation i2ml (Institut européen des métiers de la longévité).
Fusant depuis la salle, la crainte émise par un retraité membre des Petits frères des pauvres a suscité bien des hochements de tête. Les trois seniors présents à la tribune pour évoquer leur engagement au sein de la Croix-Rouge française ont eu beau faire montre d’enthousiasme, le doute dominait.
Interpellée, Françoise Fromageau, vice-présidente de Monalisa (Mobilisation nationale contre l’isolement social des âgés) et ancienne secrétaire générale de la Croix-Rouge française, a tenu à nuancer le constat.
Rappelant que les associations de bénévoles rassemblent quelque 13 millions de Français, 16% des structures se consacrant plus précisément à l’action sociale et à la santé, elle a jugé que le bénévolat était moins confronté à une « crise » qu’à un « changement de visage ».
Certes, a-t-elle concédé, les seniors, particulièrement présents dans les grandes associations de bénévoles, vieillissent… mais ils sont aussi de plus en plus nombreux. Et désireux de rompre leur solitude, motivation croissante en matière d’engagement.
C’est vrai, la bonne volonté ne suffit plus, les associations étant de plus en plus demandeuses de compétences, obstacle potentiel à l’engagement. « Mais dans le même temps, lorsque l’on interroge les Français pour savoir s’ils sont prêts à s’engager pour, par exemple, ‘aider la petite dame du quatrième à monter ses courses’, 40% d’entre eux disent oui », a-t-elle mis en avant.
Plus diffus, épars, moins organisé aussi, ce « nouveau bénévolat est un bénévolat de proximité, souvent informel », a-t-elle précisé à Gerontonews. « Le nouveau bénévole 2.0 a par ailleurs envie que son intervention serve. Envie de le voir, de le sentir, presque immédiatement. »
Et les associations et les Ehpad doivent impérativement s’adapter à cette évolution, a-t-elle insisté. Pour cela, elle suggère de « faire territoire solidaire ensemble », en misant, « justement, sur la proximité », et en alliant les compétences: celles des bénévoles, professionnels et institutions.
« C’est ce qu’essaie de faire Monalisa, dont les quelque 320 ‘équipes citoyennes’, intervenant auprès des personnes âgées sont aujourd’hui présentes dans 63 départements », a-t-elle fait observer, insistant sur l’importance de la coopération inter-établissements et inter-associations.
Depuis la salle, Aurélie Aulagnon, consultante en gérontologie et ancienne orthophoniste, a surenchéri. « Ouvrez les portes de vos Ehpad et vous aurez des bénévoles! » a-t-elle lancé aux directeurs présents, citant en exemple le cas de l’Ehpad public Jeanne-de-Chantal, à Crémieu (Isère), où elle a effectué son stage de direction d’établissement.
« Situé dans un ancien couvent au coeur du village, l’Ehpad, qui d’ailleurs se visite, est réellement intégré à la vie locale. Chaque année, lors de la fête du village, un grand banquet médiéval est organisé au sein de l’établissement. Quant à la présence des bénévoles au quotidien… allez donc jeter un coup d’oeil au site de l’Ehpad – les multiples sorties et animations organisées avec les résidents y sont en première page », a-t-elle indiqué à Gerontonews.
Ces paroles ont eu beau faire bruisser la salle de discrets murmures sceptiques, Pauline Arqueros, directrice de l’Ehpad associatif Les Garrigues à Cournonterral (en banlieue de Montpellier), interrogée au sortir de l’atelier par Gerontonews, a concédé que « les liens tissés localement sont bien, oui, primordiaux ».
« Quand j’ai pris mon poste », a-t-elle expliqué, « j’ai commencé par appeler l’association – membre de la fédération VMEH (visites de malades en établissements hospitaliers) – qui intervenait dans l’Ehpad où j’avais effectué mon stage. Mais comme nous sommes un peu loin de Montpellier et qu’ils sont peu nombreux, ils ne pouvaient pas venir. J’ai alors décidé d’aller me présenter à tout le monde dans le village. Enfin… j’avais d’abord envoyé une lettre à toutes les associations locales, mais n’avais reçu aucune réponse », a-t-elle introduit.
« Le contact humain a, lui, porté ses fruits… Les assistantes maternelles du secteur viennent deux fois par mois avec les enfants, le centre de loisir, un mercredi par mois et lors des vacances scolaires. Lors de la Coupe du monde de foot, enfants et résidents sont d’ailleurs allés voir ensemble un match à Montpellier. Et puis il y a les liens noués avec la fanfare locale, la ferme pédagogique, la médiathèque, etc. Sans compter ouverture de l’Ehpad à tout le village à l’occasion de temps festifs », a poursuivi la jeune directrice.
« Accueillir des bénévoles est exigeant, a souligné Pauline Arqueros, ne serait-ce qu’en termes de temps. Pour l’animateur notamment, se retrouvant souvent seul à gérer des bénévoles pas toujours très autonomes. Pour le directeur aussi », a-t-elle admis, citant « les moments passés hors de son bureau, même en pleine période de clôture budgétaire, pour saluer, remercier et échanger avec les bénévoles venus intervenir, la présence à la médiathèque du coin, un jour de fête, pour en quelque sorte ‘rendre la pareille’ ».
« C’est un peu bête direz-vous, cela n’a l’air de rien. Mais en fait, ça compte beaucoup pour les bénévoles qui interviennent chez nous », a-t-elle pointé.
Ce travail de terrain ne fait pas tout, a-t-elle concédé. « Nous avons noué des liens avec le tissu local, c’est une première étape. Mais pour ‘fidéliser’ ces bénévoles, il faudrait réellement monter des projets ensemble. Notamment pour mieux intégrer les bénévoles intervenant hors cadre associatif, se retrouvant de facto un peu seuls dans leur action », a-t-elle expliqué.
Des paroles qui font écho au témoignage quelques instants plus tôt, à la tribune de l’atelier, de Véronique Châtel, journaliste et ex-bénévole dans un Ehpad parisien, expliquant qu’elle a cessé son activité lorsqu’elle s’était rendue compte que l’Ehpad dans lequel elle intervenait utilisait la présence des bénévoles comme atout marketing sur son site internet… alors même qu’en tant que bénévole, elle n’était « jamais conviée à discuter de ce qui se vivait dans l’établissement ». Et d’ajouter: « Pire, j’étais vue, ou presque, comme la gentille dame un peu XIXe siècle venant faire ses bonnes oeuvres… »
« Partez d’un projet, proposez quelque chose à vivre », a lancé Aurélie Aulagnon, la consultante en gérontologie, citant pêle-mêle quelques pistes: l’organisation d’un simple petit déjeuner, une action type « viens boire un café à l’Ehpad » comme cela se fait dans un établissement de son département, l’échange avec le personnel et avec les familles, pouvant donner des envies à certains, comme ce fils de résidente ayant monté avec l’équipe un stage de théâtre au sein d’un Ehpad isérois…
Pauline Arqueros a opiné. Avant d’aussitôt souligner qu’en la matière, il n’y a pas de recette miracle. Et de réfléchir à haute voix: monter des projets spécifiques avec les bénévoles? Partir du projet d’établissement? Des projets de vie personnalisés de certains résidents auprès desquels certains interviennent en individuel? Pourquoi pas… Seule certitude pour le moment: « Tout ceci doit faire l’objet d’une réflexion d’équipe, pas toujours évidente quand les clivages entre les équipes soignante et d’animation sont parfois encore prégnants. »
Pourquoi ne pas, aussi, proposer des formations aux bénévoles? Dans son précédent poste, en tant que directrice adjointe, à l’Ehpad associatif Les Aiguerelles (Mauguio, Hérault), les bénévoles étaient conviés à certaines formations organisées en interne pour les salariés – sur la bientraitance, ou sur la méthode Montessori -, organisées par la psychologue. Résultat, dans la foulée, ces mêmes bénévoles avaient monté un atelier Montessori.
Une piste parmi d’autres… Mais correspondant en tout cas à un véritable besoin, comme le soulignait avant l’été le groupe de travail de la concertation « grand âge et autonomie » consacré aux « aidants, familles et bénévolat ».
Elle évoquait à cet égard le rôle, au niveau départemental, de la conférence des financeurs, potentiel « cadre approprié en vue de […] la mise en oeuvre d’actions de formation des bénévoles ».
Et vous pouvez (re)lire notre fiche pratique sur le bénévolat en Ehpad!