22/07/2020 admin

Un EHPAD écolonomique ? Oui, c’est possible, facile et ça fonctionne!

Pour fêter la fin de ma 1ère année d’exercice en tant que consultante en gérontologie, je me suis offert une rencontre qui allie deux de mes chevaux de bataille, à savoir l’écologie et le vieillissement heureux.

J’avais déjà rencontré M. Gelmini dans son EHPAD de Jasseron (01) lors de mon stage de master 2 expertise en gérontologie et sa démarche m’avait interpellée. Je m’étais promis de revenir une fois diplômée.

Et me voici jeudi 16 juillet, masquée et gel-hydroalcooliquée, pour refaire le monde avec Dominique…

Issu de la banque, Dominique dirige l’EHPAD associatif Saint Joseph à Jasseron dans l’Ain depuis 22 ans.

Toute sa démarche est très bien expliquée sur le site internet de l’établissement : https://www.st-joseph-jasseron.fr

La théorie, j’avais pu la lire en amont. Mais ce qui m’intéressais dans notre échange, c’était le processus, les objectifs et surtout les bénéfices pour les usagers et le personnel.

Si je devais résumer la technique de Dominique, ce serait par la phrase « pour faire des économies, faites vos poubelles ! »

Acte 1: les cuisines

Cela a commencé par la réorganisation des cuisines de l’EHPAD Saint Joseph. Toute l’équipe a pris le problème du nombre de déchets alimentaires à bras le corps. Nouveau prestataire, alimentation bio et locale, réorganisation du temps de repas…

Résultat :40000€ d’économies dès la première année. Cet argent a été investi de suite dans l’achat de matériel de cuisine : four vapeur, Variocooking©, contenants moins lourds. Ainsi, non seulement les troubles musculo-squelettiques ont été réduits chez le personnel de cuisine, mais aucun accident n’a été relevé.

Cerise sur le gâteau : le four vapeur n’asséchant pas les aliments, la quantité consommée est moindre. La cuisson est plus rapide, la viande a gagné en tendreté, et les dépenses alimentaires sont réduites. Le temps gagné est alors passé par le personnel à « cueillir des fruits dans le parc de l’établissement, puis en faire des tartes ou des compotes maison pour le dessert ».

Les nouvelles économies réalisées ont alors permis l’achat d’un déshydrateur pour les derniers déchets alimentaires. Il reste ainsi seulement 10% des déchets , qui sont utilisés par tous (jardin, compost…).

L’ehpad est passé de 11 à 3 tonnes de déchets par an…

Acte 2: le nettoyage

Après avoir géré les déchets venant des cuisines, Dominique s’est intéressé à ceux provenant des étages… C’est ainsi que l’investissement suivant a été pour le nettoyage. A Jasseron, plus de produits d’entretien chimiques : tout se fait à la vapeur et au vinaigre blanc.

L’investissement dans des machines spécifique a permis non seulement d’éviter tout produit nocif – pour les résidents, le personnel et la planète – mais là encore de réduire les troubles musculo squelettiques du personnel par la réduction des passages.

Acte 3: les autres chantiers

D’autres chantiers ont été entrepris pour la construction du bâtiment « Alzheimer » :  briques locales, circuit de récupération d’eau de pluie pour les toilettes, panneaux solaires pour la production d’eau chaude…

La consommation électrique a été diminuée par l’installation d’ampoules LED dans tout l’EHPAD.

Lors de la réfection du bâtiment, le parquet posé a été sans colle, la peinture A+.

Comme le dit Dominique « on a toujours surfé sur nos 40000€ d’économies annuelles pour investir ».

Et la suite ?

Les projets en cours pour Dominique sont la réduction des déchets des protections par l’achat d’une machine les recyclant et l’installation de panneaux photovoltaïques pour rendre l’EHPAD autonome en consommation électrique.

Une étude est actuellement en cours à l’échelle communale pour regrouper la restauration de l’EHPAD avec celui de la cantine scolaire afin de faire bénéficier aux élèves de l’alimentation bio et locale .

Un des points les plus marquants dans la démarche de Dominique est le fait que toutes ses économies ont conduit à des créations de postes.

« Le personnel n’est pas une variable d’ajustement ».

Les finances de l’EHPAD sont pérennes, et lors de la crise du COVID ont même permis l’embauche de personnel supplémentaire pour le week-end. Pour Dominique, le but des économies est d’acheter du temps de travail.

Quelles sont les conclusions à tirer de toutes ces avancées ?

Et bien les solutions pour avoir un EHPAD « développement durable et solidaire » existent. Elles sont simples. Par ailleurs, bon nombre de subventions sont possibles, il suffit d’aller les chercher.

De nombreuses initiatives existent dans les territoires, il appartient aux acteurs de se regrouper et de partager leurs avancées.

Les décideurs -élus, représentants dans les différents instances décisionnaires- ont tout leur rôle à jouer également en soutenant ces innovations, en les relayant et en leur donnant les moyens d’essaimer.

Dominique est conscient qu’il lui a été aisé d’agir du fait du statut associatif de son établissement. L’action des EHPAD publics est trop cadrée actuellement pour agir efficacement et rapidement. Là encore, le législateur pourrait alléger ces contraintes et laisser davantage de latitude aux directions.

Le bénéfice est immense : des bâtiments écologiques et intégrés dans leurs communes, du personnel sans turn-over et impliqué et des résidents heureux non seulement de vivre au quotidien ici, mais également ravis de partager les projets de leur directeur.

Dominique n’est pas un visionnaire, ni un entrepreneur. Comme il le dit il est un « simple citoyen, parent, grand-parent qui a participé au gâchis ».

Il appartient à toutes et tous de s’emparer du sujet écologique, sans attendre de consignes ou d’aide financière.

Après avoir visité le jardin de l’EHPAD, avec ses arbres fruitiers, sa mare, ses ouvertures pour laisser les habitants passer pour aller au marché, et après avoir mangé un repas bio, local, délicieux, je suis sortie de ma rencontre avec Dominique avec la certitude de vouloir continuer à œuvrer pour le bien être des personnes âgées dans un environnement sain et résilient.

Nous nous sommes quittés sur la promesse de travailler ensemble à ce but, pour faire bouger les lignes.

A l’heure où la loi grand-âge et autonomie doit être rédigée et votée, et où l’écologie doit être au coeur de toutes actions personnelle et collective , il est temps de réunir ces deux domaines .

Directeurs, directrices d’établissements, vous avez toutes les clés en main !

Elus, élues, soutenez les initiatives de vos territoires !

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