Nous, les vieux de demain

Il y a quelques mois, j’acceptais, avec d’autres désabusés de la politique, la proposition de Damien Durez d’intégrer l’équipe de la Raison du Peuple.
J’y voyais enfin la Politique avec un grand P, celle qui replaçait enfin l’Humain au cœur de son propre pouvoir décisionnel.
Aujourd’hui, ce mouvement n’a pas pris la direction dans laquelle je me projetais, aussi j’ai décidé de m’en retirer.
Mon engagement à accompagner chaque personne à prendre sa place reste la même, et passe par bien d’autres canaux.
Je remercie Damien pour sa confiance et sa compréhension.
J’avais rédigé cette tribune pour le mouvement, sur les impacts de l’augmentation du nombre de personnes âgées, je me permets de la relayer ici.

Aujourd’hui en Europe, la population des personnes âgées de plus de 65 ans est plus nombreuse que celle des moins de 15 ans selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

La question de la transition démographique n’est pourtant pas une surprise. Nous savons depuis le baby-boom d’après seconde guerre mondiale que cela allait se produire. Ce que nous ne savions peut-être pas en revanche, était ce ralentissement des naissances et ce baby-down (je revendique la maternité de ce terme !) que nous vivons depuis quelques années, futur incertain oblige, malgré toutes les incitations macronisiennes au réarmement démographique. Et forcément, plus de vieux et moins de jeunes pour s’en occuper, mais également plus de retraités vivant longtemps et moins d’actifs participant à la solidarité nationale, cela pose à la fois des questions matérielles mais également économiques à petite comme à grande échelle.

En tant que gérontologue, spécialiste du lien social et fine observatrice de la société, je vous propose deux regards opposés sur le vieillissement de la population.

Regard 1 : le négatif
Plus de vieux, c’est plus de dépenses de santé. Parce qu’il faut bien les accompagner jusqu’en fin de vie, dans des EHPAD hors de prix, avec des soignants épuisés et mal payés. Puis il faut également adapter les logements, enlever des baignoires pour mettre des douches à l’italienne. C’est aussi subir de plus en plus de mamies et de papys sur les routes, ou à la caisse des supermarchés alors qu’on est pressés, nous, travailleurs. C’est devoir payer des retraites à des boomers qui sont propriétaires de leur pavillon alors que nous, on a du mal à payer notre loyer. Plus de vieux, c’est un monde qui nous montre que de la vieillesse et de la mort. Bon, je vais m’arrêter là pour ce côté, vous avez compris l’idée.

Regard 2 : le réaliste (et non le positif, j’insiste sur ce point)
Plus de vieux, c’est plus de partage d’expérience de vies. C’est aussi l’opportunité de rénover nos villes et notre parc immobilier pour une accessibilité qui bénéficie à tous. C’est avoir plein de bénévoles dans les associations et dans les conseils municipaux (oui, sur ce point, je vous accorde qu’il y a des choses à revoir…). C’est aussi avoir des consommateurs malgré tout : de biens, de services, d’art et de culture… C’est également des grands-parents qui s’occupent des petits enfants, des volontaires pour des sorties scolaires, des personnes engagées pour créer des habitats partagés … C’est l’opportunité de voir à travers eux ce qui nous attend et de nous y préparer.

A nous de choisir notre manière de regarder le vieillissement. Pour cela, il est indispensable de faire un état des lieux de notre manière de considérer les personnes dites âgées et des termes qui entourent cette période de la vie.

Je vous en propose un : la retraite.
LA RETRAITE.
On vous retire.
On vous retire quoi ? Votre utilité ? Votre capacité ? Votre identité ? On vous retire de quoi ? De la société ? De votre famille ? De votre propre vie ? Je vous laisse trouver vos propres réponses…

Repenser le paradigme du vieillissement en opportunité et non plus un fardeau pourrait déjà faciliter les changements de points de vue. Le monde de demain se crée aujourd’hui.
Pour cela, un conseil : voyons-nous comme les vieux de demain.
Voulons-nous être vus comme un poids ou comme une force ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *