Nous sommes le 9/06.
Je suis présidente d’une association qui s’appelle Regard 9 et dont le logo représente un iris en forme de 9 dont la projection créee par la lumière forme un 6.
Et ce matin, mon chien a rencontré un autre chien.
Le lien ?
Je vous explique.
Je donne des cours de conduite du changement et des formations sur la communication entre professionnels dans le milieu médico-social et associatif.
Pour illustrer le fait que chacun a son propre point de vue, j’utilise ce visuel assez connu:
Sur cette illustration, les 2 personnages expriment leur point de vue.
Chacun à raison, personne n’a tort.
Ils nomment l’objet qu’ils voient par le terme qu’ils y associent.
Par son nom.
Par ce qu’il représente à leurs yeux.
L’enjeu de la communication entre les 2 personnages n’est pas de se mettre d’accord sur le nom de cet objet ou sur ce qu’il est, mais simplement de s’entendre sur le fait que de là où ils sont, selon leur posture, leur place, ils ne voient pas la même chose.
L’un voit d’abord le cercle, l’autre voit d’abord la queue.
Et inversement.
Pour cet exemple, il est simplement question de visuel.
C’est là que Pumpy entre en jeu.
Ce matin, je croise un autre propriétaire de chien.
Son animal est le même que Pumpy, mais en blanc.
Son chien est en laisse, couché, toute langue dehors post balade, à la demande de son maître.
Pumpy est en liberté, et se place alerte face à ce nouveau chien qu’il n’a pas encore eu l’occasion de rencontrer.
Cela m’inspire cette illustration :
Le propriétaire de l’autre chien a vu dans la posture de Pumpy – une distance, une position altière, un regard intense envers son chien – un comportement possiblement agressif. Il pense que mon chien pourrait faire du mal au sien.
Quand moi, qui le connais et a étudié les comportements canins, y voit simplement le moyen d’entrer en interaction entre chiens qui se découvrent pour la première fois, sans aucune agressivité. Je pense que mon chien ne fera pas de mal au sien.
Un même objet – ou sujet -, 2 manières de voir les choses selon notre place, mais également selon notre vécu, notre savoir, et nos peurs.
Le 1er personnage de mon illustration qui voit Pumpy a peut-être un vécu traumatique avec les chiens, ne sait pas que les chiens-loups ont ce comportement typique sans que ce ne soit de l’agressivité, ou associe mon chien à l’imaginaire maléfique du loup qui l’a hanté petit, ou encore on lui a raconté que le chien d’Aurélie Aulagnon mangeait les enfants et les chiens blancs…
Le 2ème personnage qui le voit, soit a un profond amour pour tous les chiens, soit a un diplôme de comportementaliste canin, soit a déjà eu l’occasion de jouer avec Pumpy et de gratter son bide, soit a entendu dire que le chien d’Aurélie Aulagnon était méga cool et adorait aller en EHPAD se faire câliner par les petits vieux.
L’interaction que nous avons eue après entre propriétaires a été l’occasion d’illustrer et de mettre en pratique cette analyse :
Moi, souriant et regardant alternativement le chien blanc et son maître, posture détendue :
« – Bonjour ! Vous pouvez lâcher votre chien si vous le souhaitez, ça ne risque rien. »
Lui, dubitatif, mais réceptif :
« – Ah ok, d’accord. Pourtant, on n’aurait pas dit devant sa manière de se tenir »
( Je décide de ne pas prendre pour moi cette remarque, ni pour Pumpy, je ne sais pas ce que cette personne a vécu, même s’il est propriétaire d’un chien aussi gros que le mien. Et accessoirement, je n’ai pas envie de me prendre la tête avec quelqu’un, je suis debout depuis pas longtemps, je veux juste poursuivre ma balade pépouze).
Je ne réponds que par un sourire.
Malgré sa crainte manifeste, il choisit de me faire confiance et lâche son chien.
5 secondes après, nous avions 2 poilus heureux de se renifler, se sentir, se découvrir et jouer ensemble.
3 minutes plus tard, nous repartions chacun de notre côté, en souriant tous les deux.
Demain, nous aurons un propriétaire de chien plus serein et plus confiant, qui, peut-être inconsciemment, aura intégré que la posture de Pumpy était celle qui est normale de manière instinctive pour un chien. Et une consultante en lien social qui aura appris une nouvelle chose.
Inutile de faire un cours de comportement canin ou de donner une leçon à cette personne.
Je ne suis pas + sachante que lui.
Je ne connais pas son histoire.
Il aurait autant à m’apprendre que moi.
Mais à cet instant-là, sur ce moment, c’est lui qui avait peur, et c’est moi qui avais une solution à sa peur. C’était à moi d’écouter ce qu’il voyait, et lui partager ce que je voyais, même si c’était diamétralement opposé.
Aucun de nous ne voulait d’affrontement à ce moment-là, et nous nous sommes rejoints dans la confiance, alors que nous ne nous connaissions pas.
Cette histoire du 6 et du 9 illustre une phrase que j’aime beaucoup : « communiquer, c’est entendre le monde de l’autre ».
C’est accepter que l’autre ne voit pas la même chose que moi.
Parce qu’il n’est pas moi.
Et si je dois être en interaction avec cette personne, que ce soit en couple, ou au travail, ou dans ma famille, pour que nous puissions évoluer et dépasser le « blocage » que nos points de vue différents semblent créer, il me faut accepter d’entendre qu’il ne pense pas comme moi.
Pour constater qu’au final, partager nos points de vue différents sera ce qui nous fera grandir.
Il n’y a pas que l’autre propriétaire qui a appris quelque chose aujourd’hui.
Avant, j’aurais voulu défendre mon chien, justifier le fait qu’il faut laisser les chiens se sentir pour qu’ils se rencontrent… Bref, j’aurais été touchée personnellement. J’aurais tout pris pour moi. Mon ego aurait pris le dessus. Je me serais positionnée en donneuse de leçon. J’aurais créé de la défiance. Et j’aurais passé ma balade à ruminer.
Et nous nous serions quittés dans la méfiance.
Ce matin, grâce à cette rencontre, j’ai mis en pratique quelque chose que j’enseigne pourtant : il suffit de se faire confiance et d’agir.
Et sourire.
Pumpy a gagné un nouveau copain et moi une nouvelle illustration de la confiance pour une meilleure communication.
Bon 9 /06 à vous !