Ce matin, j’ai eu la surprise d’être tagguée sur un post Linkedin, par Bertrand Fougère, parlant de spiritualité.
« Vieillir rend-il plus spirituel ? »
Ok, c’est Pâques.
Ok, le Pape est mort.
Mais le fait d’être interpellée sur ce sujet au moment où moi-même je suis en pleine crise de Foi, ça ne pouvait pas être une coïncidence, mais bien une synchronicité !
Bertrand Fougère, c’est mon gériatre de coeur, il le sait, tout le monde le sait.
Il témoigne dans « Vivre, regards croisés sur sa propre vieillesse« .
Voici quelques-unes de ses phrases issues de son post :
[💡 L’hebdo du vieillissement : et si vieillir était aussi une quête de sens ? ✨]
On parle souvent du vieillissement sous l’angle de la santé, de l’autonomie, de l’isolement… mais plus rarement sous celui de la spiritualité.
Pourtant, cette dimension souvent intime devient, avec l’âge, plus présente, plus active, parfois même essentielle 😊
📌 Vieillir, c’est parfois se rapprocher de soi-même 🧘
Le vieillissement entraîne des pertes, des deuils, des remises en question. Mais il ouvre aussi un espace unique pour relire sa vie, interroger le sens, se relier à quelque chose de plus vaste que soi. 📌 Et si la spiritualité était un levier pour bienvieillir ?
Les études le confirment : plus la spiritualité est intégrée, plus les personnes âgées ressentent satisfaction de vie, lien social, et sens existentiel.
En EHPAD comme à domicile, un accompagnement qui laisse place à cette dimension permet souvent d’apaiser les angoisses, d’accompagner les pertes, de soutenir la résilience.
🎯 Ce n’est pas une question secondaire. C’est un enjeu de bientraitance, de qualité de vie, d’humanité. N’oublions pas que le soin passe aussi par le besoin d’invisible. »
J’ai été touchée par son post.
Très émue même.
Dans le film « Vivre », Anthony et moi n’avions pas souhaité présenter les témoins par leurs professions, nous les avions laissé choisir comment ils voulaient se définir.
Bertrand avait alors choisi : « éveilleur de conscience sur le bien-vieillir »
Son coming-out professionno-spirituel inspire donc le mien sur ce réseau.
« Vivre » a été le catalyseur de mon propre cheminement spirituel.
Il est devenu ma propre Bible, mon guide.
Je n’en avais pas conscience au moment de sa réalisation, qui s’est faite dans une foi totale.
Une foi en moi, une foi en Anthony et une foi dans le processus.
C’est un projet de cœur.
Nous suivions ensemble un chemin, sans connaître de destination.
Je raconte en fil rouge l’aventure dans l’épisode 1, l‘épisode 2 et l’épisode 3 (suite à suivre…)
Dans ce film, il est question de vieillesse, de temps qui passe.
Nous partions d’un projet bien concret – un travail avec des résidents dans un EHPAD financé par le département de l’Isère – et j’en ai tiré mon chemin de vie.
J’ai écrit les textes pour « Vivre ».
Ecrits avec le cœur, sans réellement me demander ce que je disais au moment où je les ai rédigés. Je crois même avoir fait ça rapidement, quand il fallait caler de la voix off entre 2 séquences.
Aujourd’hui, tous les textes ont une saveur de mantra pour moi.
Ils ont été déposés officiellement.
Aujourd’hui, j’accompagne le film dans sa propre vie en divers endroits, il délivre son message tout seul.
Chaque spectateur y prend ce qu’il a à prendre.
Nous n’avons pas eu 2 retours identiques.
Bertrand m’a également fait le retour qu’il avait découvert de nouvelles choses lors de son second visionnage.
Il questionne le spectateur sur sa propre vieillesse, celle de nos parents, des personnes que l’on croise dans la rue.
Le questionnement n’est-il finalement pas la base de la quête spirituelle ?
La question de la spiritualité n’est pas question de religion.
Elle vibre avec la Foi personnelle, au sens de confiance en la vie, en l’autre, en soi.
Et dans le milieu gérontologique alors ?
Comment accompagnons-nous, acteurs du milieu gérontologique, le vieillissement quand, et c’est Héloïse qui le dit dans « Vivre » : « face à un corps qui vieillit, moi je n’ai pas de réponse. » ?
Comment guider sur un chemin dont nous ignorons tout ?
Comment être dans une empathie pour des ressentis physiques et psychiques que nous ne pouvons pas encore percevoir ?
Comment vivons-nous au quotidien le miroir sur notre futur renvoyé par les personnes âgées que nous côtoyons ?
Comment mener une politique globale d’établissement quand il existe autant de croyances que de professionnels ?
C’est là toute la base de l’accompagnement éthique qu’il est indispensable de mener auprès des professionnels, des résidents et des familles dans le milieu médico-social.
C’est là, que nous, professionnels, pouvons jouer notre rôle.
Comité éthique, groupes de parole, analyse de la pratique professionnelle… Les outils existent déjà.
L’enjeu n’est finalement pas tant d’accompagner les personnes âgées que de préparer les professionnels, familles et nous-mêmes à notre propre finitude.
C’est là que toute la question de la spiritualité entre en jeu.
Et il me semble nécessaire de lever ce tabou.
Il serait hypocrite de ne pas intégrer la notion de spiritualité autre que religieuse dans les établissements et services médico-sociaux quand les rayons dédiés à la spiritualité, avec les oracles et autres lithothérapies, doublent de surface chaque année.
Peu importe les croyances de chacun.
Nous avons le rôle de respecter, projets personnalisés à l’appui pour les uns et qualité de vie au travail pour les autres oblige, les chemins de vie de tous.
C’est à nous également de nous former, de former les professionnels à ces sujets, afin que chacun puisse agir avec son propre discernement.
Former, sensibiliser pour proposer une démarche cohérente, respectueuse et préventive des dérives possibles.
Pour terminer, je tente une réponse à la question de Bertrand : « Vieillir rend-il plus spirituel ? »
Je ne peux que prêcher pour ma paroisse (^^).
Je considère que vieillir, c’est vivre.
Et pour moi, « Vivre » m’a rendue plus spirituelle.
Donc, c’est un grand oui 😉
