L’histoire de « Vivre », épisode 2

« Il faut envoyer le dossier avant le 30 janvier »
Nous sommes début décembre 2023.
Ok, facile.
C’est pour demander le financement de la CTS du département de l’Isère, celle qui soutient les projets innovants du territoire.
Anthony et moi ne savons pas encore trop où nous mettons les pieds, mais comme toujours, on se laisse guider.
Je regarde le dossier, on nous demande un budget…

En parallèle, cette concrétisation nous oblige à réfléchir à un fil rouge…
Pendant tout le projet photo, Anthony a continué à filmer des instants de vie auprès des résidents d’EHPAD.
Nous avons des images prises sur le vif, il nous faut maintenant des témoignages.
Des témoignages autres que les nôtres.
Des personnes du coin, mais également des gens extérieurs.
Je souhaite avoir l’avis des gens sur leur propre vision de la vieillesse.
C’est assez drôle avec le recul : à aucun moment, Anthony ou moi n’ayons eu envie de donner notre avis, que ce soit lui en tant que photographe ou moi en tant que gérontologue.

Peu à peu, on commence à parler du nom du film. La vieillesse semble le fil rouge. Mais c’est surtout la vie qui se dégage des premières images.
D’ailleurs, on voir déjà le mot « Vie » dans « Vieillesse ». C’est sur un bout de papier, sur un coin de table un soir que l’évidence du jeu de mot s’impose.
C’est parti, nous décidons d’appeler le projet «Vieillesse ».
Nous n’avions alors pas encore conscience de l’impact de ce que nous allions « Vivre » alors que nous pensions partir sur un simple sujet de vieillesse …

Et à côté de ça, en musiciens que nous sommes Anthony et moi, la question de la musique s’impose.
Hors de question de choisir n’importe qui pour poser des mélodies dans notre film.
Même si nous en avons les capacités et les compétences, à aucun moment il ne nous vient à l’esprit de composer nous-même la bande originale, nous savons tous les deux qui nous voulons : Maïté.
Anthony m’a fait découvrir cette perle très tôt, notamment avec sa chanson « Manger les étoiles ». Une révélation. Tout un univers de magie et de vérité pure.
Et quand j’ai découvert l’énergie de ce bout de femme sur scène, c’était définitivement un coup de foudre.

C’est lors de sa venue à Crémieu en décembre 2023 pour un enregistrement public au Dôme Sessions que j’ai pu poser la question :
« Maïté, Anthony et moi avons un projet de film sur l’image de la vieillesse… On aimerait beaucoup que tu fasses la bande originale, et la voix off (oui, on avait décidé entre temps qu’il y aurait une voix off, sans savoir à ce moment-là ce qu’elle raconterait…), tu en penses quoi ? »
Croyez-le ou non, je flippais de sa réponse…
Son regard s’éclaire, et c’est dans un sourire facétieux que Maïté me répond « C’est dingue, j’avais un projet d’interview de personnes âgées pour qu’elles me racontent leurs vies ?! Mais carrément que je veux faire partie du projet ! »
Anthony et moi sommes aux anges, nous allons lier nos trois domaines, le cinéma, l’écriture et la musique !
Nous embarquons désormais une autre personne dans l’aventure, sans avoir aucune idée de la destination… Seul le chemin nous importe alors !
Maïté nous fait un devis, et c’est parti, nous avons de quoi remplir le dossier pour la CTS …
Le 29 janvier, le dossier est rempli et envoyé.

Nous commençons à parler du projet ici et là, je commence à regarder comment trouver de quoi nous payer. Je regarde les fondations, les mécénats …

Je n’ai alors aucune idée du temps que ça nous prendra, du montant que cela coûtera, de ce qu’on aura dedans et pourquoi nous faisons ça…
Nous sommes guidés, et nous adorons ça.

Anthony, qui entre toutes ses casquettes, présente également celle de webmaster, crée le site internet du projet.
Tout commence à prendre forme dans la réalité.

Anthony, en bon graphiste, commence à agiter ses neurones et le visuel qui accompagnera le projet commence à germer, avec ce orange, cette graphie…
En février, la page Facebook est créée, c’est parti, nous nous lançons ensemble dans le projet.
Je ne réalise rien (beau jeu de mot)…
Je ne prends absolument pas la mesure du projet dans lequel nous nous embarquons.
Pourtant, d’ordinaire, je suis plutôt prompte à la planification.
Anthony en est à son 4ème projet personnel de film, il est serein, je lui fais une entière confiance, je m’en remets totalement à son expérience.
Il s’occupe de la forme quand je gère le fond.
Nos complémentarités se mettent en place naturellement.
On commence à parler campagne de don, association…

Le 20 février, nous sommes invités ensemble à Couleurs FM pour parler de nos parcours et de nous projets, c’est enfin l’occasion de parler du film. L’émission est à écouter ici .

En mars, je suis invitée à Gap pour une conférence sur l’image de la vieillesse.
Je décide alors de faire un test auprès des auditeurs…
Avec l’accord des résidents de l’EHPAD et d’Héloïse, je propose quelques images brutes qui seront dans le film. Dont les images de LA rencontre.
Je suis fébrile.
Jusque-là, nous avions vécu ce moment à 4. Dans un écrin, une bulle intemporelle.
Mais sorties de ce contexte, les images reflèteront-elles les émotions à la hauteur que nous les avions vécues ?
Notre idée de film n’était pas un emballement un peu rapide ?

(à suivre…)