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Nous entrons dans la partie concrète, le film va commencer à prendre réellement vie.
Le logiciel de montage dans l’ordinateur de Regard 9 comporte désormais un projet intitulé ‘Vieillesse ».
A aucun moment je ne m’étais dit un jour que j’allais « réaliser » un film.
ça n’avait jamais fait partie de mes rêves ou de mes projets de vie.
Je suivais simplement mon intuition et mes pas.
Pour moi, le vrai réalisateur était Anthony, c’était lui le pro.
Moi je n’avais aucune légitimité.
A la limite, je me disais « productrice ».
Mais en ce début d’été 2024, c’est Anthony qui me met la vérité devant les yeux: nous sommes en train de réaliser un film tous les 2.
C’est lui qui décide donc de changer les contenus, et qui appose les mots « Un film de Anthony Coppa et Aurélie Aulagnon ».
Il acte que je deviens alors réalisatrice.
Il est donc temps de co-réaliser…
Les yeux
Fin juillet, nous postons ça :

L’idée est venue d’Anthony.
Il voulait des yeux, plein de yeux.
Et ce n’est pas le regard d’une personne âgée qu’il a mise, mais celui de Tim.
Sans réellement savoir encore pourquoi, nous étions déjà en train de casser les codes.
Un regard d’enfant pour un film qui s’appelle alors encore « Vieillesse » ?
Ben ouais.
Pourquoi ?
Ben pourquoi pas?
Les enfants ne vieillissent-ils pas ?
Anthony et moi avions déjà filmé nos yeux quelques jours auparavant ainsi que ceux d’autres proches.
Mais il nous en fallait plein d’autres…
La technique pour Anthony, la gestion de projet pour moi : je lui propose donc de partager la demande via le groupe Facebook « Vivre Ensemble à Crémieu ». 10000 membres, on devrait bien en trouver 2 ou 3 qui nous prêteraient leurs yeux…
Et ce sont près de 60 personnes qui ont répondu présentes !
Sur 2 week-ends, nous avons vu défiler amis, connaissances, curieux, voisins, amateurs de cinéma, maires, familles entières, et même touristes de passage au Dôme. L’occasion de faire connaissance, d’échanger, de nouer des contacts, de parler du projet, d’écouter leurs vécus de la vieillesse, leurs peurs…
Un trésor pour moi.
Chacun était là pour une raison différente, mais heureux de participer à quelque chose de nouveau.
Que du partage.
Pour moi, cette idée de faire participer les crémolans est à l’image du message du film : rencontrons-nous, croisons nos regards, partageons nos points de vue.
Pour créer tous ensemble.
Mais je ne le savais pas encore.
Je ne l’ai saisi que bien plus tard.






Le montage
Nous avions quasiment toutes les images.
Il était temps de débuter le montage…
Je n’avais jamais réalisé de film, je rappelle.
Mon côté artistique, c’est plutôt via l’écriture et la musique qu’il s’exprime.
Anthony avait bien réalisé plusieurs courts-métrages, mais le processus de réalisation était alors l’inverse de ce que nous faisions: tout est écrit, structuré en amont pour un film avec scenario.
Pour nous, le scenario s’écrivait au fil du temps.
Sans en connaître le dénouement.
Ok, écrivons ce scenario alors, transcrivons simplement ce que nous voyons et comprenons.
Je serai la plume de notre duo, ce ne serait pas la première fois !
Mais au début, j’ai du mal, devant la montagne de témoignages que nous avions alors, devant le flot immense d’idées, à élaborer un début et une fin, tout en ayant conscience des images clés à caser ici et là.
J’ai donc d’abord commencé par transcrire tous les témoignages, sur un document Word.
Pour pouvoir avoir un support, dégager les idées-force.
Puis regrouper les idées communes.
Un doc plein de couleurs, un document de travail qui ne cessera alors d’évoluer au fil du montage.
Et la clé est parvenue de Maïté.
Le 11 août, nous recevons LA chanson.
Déjà, le titre nous émerveille : « Vivre ».
Anthony et moi étions alors en vadrouille ce jour-là, mais hors de question d’attendre.
Nous choisissons un joli coin au bord de l’eau et c’est dans la voiture que nous écoutons la chanson.
Un moment de grâce.
Nous avons les larmes aux yeux tous les deux.
Maïté nous avait compris.
Elle a traduit avec ses mots, son univers, toute la beauté du message du film.
Je saisis immédiatement le cheminement de la chanson: le futur, le passé et le présent pour finir.
J’avais le déroulé du film, la ligne conductrice !
Et encore des codes à casser ! Au top !
Non, nous n’allions pas suivre la ligne du temps…
Nous allions suivre notre propre ligne.
Toujours nous laisser guider.
Dès le lendemain, je me mets à ranger, classer, organiser les témoignages en suivant cette anti-chronologie qui me parle tellement…
Je note en parallèle quelques phrases clés qui me viennent naturellement, et qui, je ne le sais pas encore, viendront nourrir les textes que j’écrirai plus tard pour la voix-off.
Et durant tout l’été, nous procédons au montage .
Anthony et moi fonctionnons en complémentarité dans une confiance totale. A aucun moment nous n’avons eu à nous mettre d’accord sur quoi que ce soit, tout a été fluide du début à la fin, et il n’était pas rare qu’une idée fuse dans ma tête pour qu’il soit déjà en train de procéder aux modifications sur le banc de montage.
En tout franchise, je n’ai aucune idée du temps passé à monter le film. Cela m’a paru extrêmement court.
Cela faisait partie de notre quotidien, c’était un plaisir autant pour lui que pour moi.
En parallèle, j’apprenais.
Il m’expliquait les codes cinématographiques, tout en me montrant ceux qu’on ne respectait pas (exemple : le fait d’avoir pour chaque témoignage 2 caméras qui montraient un regard opposé du témoin, détail que j’adore, tellement parlant !).
J’ai appris la technique, mais aussi et surtout la patience…
Nous n’avions toujours aucune dead-line réelle, on commençait à se dire vaguement que le film pourrait être prêt en fin d’année.
Mais aucune pression.
L’enregistrement de la bande originale
Nous avions réussi à caler nos 3 agendas avec Maïté pour travailler sur le son du 26 au 28 août.
Une résidence entre chez moi et le Dôme.
Elle a débarqué avec sa valise et Tsarou, le nouveau copain de mon chien Pumpy, et c’était parti.
J’ai adoré comprendre son processus de création, découvrir l’envers du décor de la vie de chanteuse, et simplement passer du temps avec celle qui allait devenir une vraie amie …
Durant ces 3 jours, nous avons enregistré plusieurs versions de « Vivre », ainsi que 2 thèmes pour le film.
J’ai eu le plaisir de passer derrière le micro pour quelques choeurs également, un honneur pour moi !




Et c’est tout naturellement qu’Anthony a proposé que nous tournions des images pour le clip.
Il n’avait pas été question jusque là que nous fassions un clip pour la chanson.
Pour autant, je crois que pour tous les 3, c’était juste normal.
La lumière de cette fin août était sublime et un soir nous sommes partis sur la colline Saint-Hippolyte tourner les images qui allaient donner toute la chaleur au clip…
Avec une Maïté aussi naturelle qu’elle l’est au quotidien… sans chichis, juste elle.



D’autres images ont également été tournées au Dôme
Le montage du clip pouvait débuter…
Et nous avons profité de la présence de Maïté pour aller visiter le cinéma tous les 3…
Quelle salle allons-nous choisir ?
Cela a finalement été un non choix.
Nous voulions la scène.
Maïté chanterait sur cette scène.
Ce sera la salle 1, la grande.
Nous nous y voyions déjà.
Ce jour-là, je ne réalisais rien de ce qui se passait.
J’étais avec des personnes formidables, talentueuses, je me sentais portée par cette énergie collective et je ne pense pas me tromper en disant que nous partagions tous ça.
Nous vivions des moments uniques dans une vie.
Jamais je n’aurais pu imaginer qu’un jour je serai dans une salle de cinéma pour organiser la première d’un film que j’aurai co-réalisé, et que ce serait un ciné-concert…

Puis Maïté est partie…
Fin de la parenthèse musicale à 3.
La suite se ferait par envoi de versions, de thèmes, d’ajustements, de « plus de violon », « moins de choeurs »…
Le clip sortira officiellement plus tard.
Et nous nous apprêtions alors à entrer dans les phases ajustements, voix-off, plans de coupe, réponses aux premières demandes de projections et début d’idées de moyens de diffusion du film…
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