L’histoire de « Vivre », épisode 4

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Nous avions notre premier témoignage, une aide-soignante autrice et conférencière, mais non crémolane.
Elle représentait l’extériorisation du sujet au-delà des remparts de la cité.
Un des derniers maillons de la chaîne.
Il nous fallait donc les premiers maillons, le lien direct.

C’était donc évident qu’Héloïse fasse partie des témoins, elle en était le point de départ.
Elle a été l’actrice sans le savoir de la rencontre clé, il nous fallait son témoignage à froid, ses ressentis.
Nous nous sommes donc retrouvés dans son studio, et c’est en toute authenticité qu’elle s’est livrée sur ce qu’elle avait vécu lors du projet photo et les impacts que ça avait eu sur son ressenti de la vieillesse.
Une session épique en parallèle, avec des projecteurs récalcitrants. Je commençais à découvrir la réalité du métier de réalisateur !

Chaque session de tournage a été l’occasion d’en apprendre davantage pour moi : le placement par rapport à la lumière, attendre la fin de la réponse de la personne interrogée avant d’enchaîner, ne pas couper la parole…

Après Héloïse, il nous fallait le relayeur suivant.
Et ça s’est fait de manière géographique, du plus proche au plus éloigné.

C’est donc Frédéric, le directeur de l’EHPAD Jeanne de Chantal, qui a récupéré le témoin de relais.
Nous nous sommes installés dans le joyau de l’établissement, l’apothicairerie.
Frédéric, Anthony et moi étions heureux de pouvoir partager à l’écran la beauté de cette pièce rarement accessible au public.

Nous avons eu très chaud ce jour-là, et je me suis demandée si en plus de ma casquette de productrice, réalisatrice, technicienne, je n’allais pas ajouter celle de maquilleuse en allant chercher de la poudre pour ce pauvre Frédéric qui commençait à luire.

Les propos de Frédéric nous ont beaucoup touchés. Je l’ai découvert sous un autre angle ce jour-là. Je ne connaissais que le Frédéric directeur d’EHPAD, je découvrais le Frédéric penseur et philosophe. Il est à l’origine d’une des plus belles séquences du film à mes yeux, avec une phrase indélébile. Depuis, mon regard a changé sur lui. Je sais depuis que c’est également le cas de la part de certains professionnels de l’établissement qui ont découvert leur directeur dans le film.

Le relayeur suivant serait une relayeuse.
Nous allions sortir de l’EHPAD.
Il nous fallait un voisin, une personne locale.
Une personne qui aurait vu l’exposition, qui serait à l’aise pour parler d’elle devant des caméras.
Quand j’ai proposé Sandrine à Anthony, il a accepté immédiatement. Ils se connaissent et apprécient chacun le travail de l’autre.
Sandrine, c’était ma collègue quand j’étais orthophoniste, à quelques mètres de l’EHPAD. Elle est peintre et psychologue. Et elle avait visité l’exposition photo dès sa sortie.
Et elle a accepté immédiatement également.

C’est dans son bureau qu’a eu lieu le tournage, où j’ai appris ce jour-là à gérer avec les aléas de la lumière naturelle, avec une luminosité aléatoire selon les passages de nuages au dessus du vélux… Ce qui finalement, ne se voit pas tant que ça dans le résultat final, grâce au travail de post-production d’Anthony.
Pour le coup, je n’étais pas surprise des réponses de Sandrine à mes questions, preuve de notre belle amitié.

Bon, pour le fond, clairement, ça avançait plutôt pas mal.

En parallèle, il nous fallait envisager la forme.
Il nous paraissait évident que nous allions privilégier un cinéma local pour la 1ère.
Nous avons donc pris contact avec Kevin, le projectionniste du Cinéma Variété de Pont-de-Chéruy (38).

A ce moment-là de l’aventure, commençait à poindre l’envie de faire un ciné-concert avec Maïté.
Sans n’avoir aucune idée de sa matérialisation concrète. Logique, nous n’avions alors aucune musique, aucune image montée, tout n’était que dans nos pensées…
Mais autant pour Anthony que pour moi, la présence de Maïté sur scène ce soir-là était une évidence.

Au premier RDV avec Kevin, nous savions que nous étions tombés sur LA bonne personne.
Il était partant pour tout: le débat, le ciné-concert, tester le DCP (le film en format cinéma) avant…
Les portes qu’on avait entrouvertes dans nos têtes avec Anthony s’ouvraient dans la réalité.

Ok, ça, c’est fait, on continue donc sur la forme.
Il nous fallait des moyens financiers pour mettre tout ça en oeuvre.
Nous avons eu l’argent du département de l’Isère, celui du Crédit Agricole…
Grâce à ça, nous avons pu acheter un tout nouvel ordinateur, ainsi que son sac de transport.
C’était indispensable devant tout le travail de post-production à venir (et dont je n’avais encore aucune idée) et pour laquelle il nous fallait une machine performante.
Il y avait également de quoi payer le cachet de Maïté pour son travail de composition.

Mais il nous fallait de quoi envisager de la payer le soir de la première au cinéma.

Le 11 mai, nous ouvrons donc une campagne de don sur Hello Asso.
Le projet s’intitule alors encore « Vieillesse ».

Nous l’ouvrons avec ces mots :

𝐎𝐔𝐕𝐄𝐑𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐌𝐏𝐀𝐆𝐍𝐄 𝐃𝐄 𝐃𝐎𝐍
« Vie[illesse], ce n’est pas un projet de film sur les vieux.
Ce n’est pas un film qui nous vendra du rêve sur la vieillesse.
Ce n’est pas un film où nous verrons et entendrons des vieux.
Vie[illesse], c’est un projet de film sur la vie qui passe.
C’est un film qui nous montrera seulement la réalité à travers nos propres yeux.
C’est un film où nous nous verrons, nous. « 
Déjà, mille mercis pour les partages, les soutiens et les encouragements que nous recevons de toutes parts pour le projet de film Vie[illesse] !
Aujourd’hui, nous vous invitons à prendre part au projet par un 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫.
Nous ouvrons une campagne de don via l’association 𝐑𝐞𝐠𝐚𝐫𝐝 𝟗, dont le rôle est de promouvoir les projets artistiques et culturels croisant les regards.

Rapidement, les premiers dons arrivent…
Des proches, des membres de nos familles, mais également des inconnus…

Constater la confiance de toutes ces personnes en nous et en notre projet nous montrait une fois de plus que nous allions dans le bon sens !